Espace Perecito



El "Zurdo" Alvarez me había enviado para que lo remplace en un concierto del Coro de las Américas, dirigido por Damian Sanchez, a realizarse en Mendoza. En esa oportunidad conocí, entre otros, a Pancho Díaz, un pibe joven que con el devenir de los ensayos nos fuimos haciendo amigos, que tocaba flauta, sikus y quena.
La quena es un instrumento pre-colombino. Es decir: anterior a la llegada de los españoles a América. La afinación de la quena en sus inicios era muy diferente a la actual afinación temperada. Cuentan aquellos que tienen diploma de saber que, antes de la llegada de Colón y sus muchachos portadores de la palabra de Dios y la civilización salidos de las cárceles de España, se usaba una escala de siete sonidos, sin semitonos. Como la escala actual pero dividida equitativamente en siete partes. Luego, por la influencia occidental y necesidades estéticas, su afinación fue cambiando para amoldarse a los nuevos instrumentos que fueron apareciendo en su mundo. Especialmente la guitarra, un poco menos el piano.
Aquellos que sienten un poco de resquemor hacia el instrumento dicen que nunca llegó a occidentalizarse completamente, aludiendo a una cierta tendencia de los quenistas a no afinar. Otros, contrariamente, dicen que, al día de hoy, mantiene su originalidad y permanece en su estado primitivo intacto al paso del tiempo. No podemos afirmar si esta opinión es un elogio o va en desmedro del instrumento y sus intérpretes. Actualmente hay infinidad de teorías sobre el instrumento, su historia y su técnica interpretativa, que se niegan y se contradicen unas a las otras. Así como también existen diferentes modelos de instrumentos, cada uno con sus respectivos adeptos y detractores.
En cualesquiera de los casos, felizmente, no hay víctimas fatales que padecer.
Quizás el modelo más utilizado por la gente que yo conocí, es aquel realizado con caña de Puno (Perú), con seis agujeros adelante y uno en la parte posterior, diatónica, en Sol mayor, con una extensión de dos octavas y media; y su primo mayor el quenacho que está en Re mayor. Los semitonos faltantes, los cromáticos, se logran cubriendo, o descubriendo - según como se mire-, la mitad de los agujeritos. Actividad realmente difícil a realizar en su medida justa. Mucho más a grandes velocidades. Y muchísimo más en las octavas superiores.
Pancho tenía la capacidad de tocar en la quena cualquier cosa que se le escribiera. Afinado y con un lindo sonido (Aunque, obviamente, existen opiniones contrarias). Yo tenía material armado y muchas ideas rondando en mi cabeza. Así que decidimos juntarnos para armar un repertorio y salir a tocar. Llenas de sostenidos, modulaciones y arreglos endemoniados, mis composiciones y mis versiones de temas tradicionales empezaron a tomar forma.
Durante los ensayos fuimos tirando ideas para ponerle un nombre al dúo. Entre otras, la que obtuvo la aprobación generalizada, fue: Tata Mandinga.
¿Por qué Tata Mandinga?
Paso a explicar:
Tata es una palabra que en quechua significa padre. Y mandinga se utiliza actualmente como sinónimo de "diablo". Es el nombre del pueblo de África del cual son originarios parte de los esclavos traídos a Latinoamérica. Estos esclavos tenían sus reuniones donde cantaban, danzaban y realizaban sus ritos tradicionales. Actividades que los hombres civilizados veían influenciadas por el maligno. Se creía que el negro africano, como así también el originario americano, poseía a Satanás dentro de su cuerpo. Luego se popularizó decir: "Son cosas de mandinga", para hablar de sucesos que no tienen explicación y culpar a Lucifer.
También, cuando acontecen hechos que salen de la normalidad (nace un hijo negro de padre rubio, desaparece misteriosamente dinero, o cosas por el estilo), se dice que "el diablo anduvo metiendo la cola".
Tata Mandinga, un dúo donde el diablo anduvo metiendo su lápiz en las partituras de los músicos, es en honor a los orígenes pre-colombinos y africanos que hay en la música argentina. Pero ustedes dirán: -Bueno, pero también hay una gran influencia española en la música argentina. Si, es cierto. Pero para eso ya estábamos nosotros: Perez y Díaz.
Algunos, al hacer la traducción directa: Tata Mandinga = Padre Diablo, nos acusaron de ser adoradores del diablo, de realizar magia negra, música anti-cristo, a lo cual respondimos firmemente que eran injurias sin fundamentos, que estában equivocados y completamente en pedo o drogados.
Otros dicen que nos quisimos mofar de la iglesia. Nos acusaron de ateos incorregibles, que ni siquiera fuimos bautizados. Herejes sin escrúpulos. Anti-sociales.
Quizás tengan un poco de razón.
Tata Mandinga duró algunos años y unos cuantos buenos conciertos. Luego, por necesidades económicas y personales, cada uno fue detrás de diferentes oportunidades de trabajo, y el proyecto fue quedando a la deriva hasta esfumarse en el olvido.
Lo último que hicimos juntos fue grabar una composición de Pancho dedicada a una mujer. Actualmente Panchito vive en pareja y es padre. Espero sepa comprender que mi participación en el hecho es ocasional y que la realidad es que "el diablo anduvo metiendo la cola".
Esta semana pongo a disposición de sus finos oídos una selección del material en audio de Tata Mandinga.
Hasta la semana que viene.


Le "Zurdo" Álvarez (Alvarez "le gaucher") m'avait envoyé comme remplaçant pour un concert de la chorale Coro de las Américas, dirigée par Damian Sanchez, qui devait avoir lieu à Mendoza. C'est à cette occasion que j'ai connu, entre autres, Pancho Díaz, jeune homme avec qui, au fur et à mesure des répétitions, je suis devenu ami, et qui joue de la flûte, des sikus et de la quena.
La quena est un instrument qui existait avant Christophe Colomb. C'est-à-dire, avant l'arrivée des Espagnols en Amérique. À ses débuts, l'accord de la quena était très différent de l'accord tempéré actuel. Ceux qui possèdent diplôme de savoir racontent que, avant l'arrivée de Colomb et de ses gars porteurs de la parole de Dieu et de la civilisation tout juste sortis des prisons d'Espagne, on utilisait une gamme de sept sons sans demi-tons. Comme la gamme actuelle, mais divisée en sept parties égales. Ensuite, l'influence occidentale et les besoins esthétiques ont transformé son accord pour l'adapter aux nouveaux instruments qui arrivaient dans ce monde. En particulier la guitare, un peu moins le piano.
Ceux qui sentent un peu de ressentiment pour cet instrument disent qu'il n'est jamais vraiment arrivé à s'occidentaliser, faisant allusion à une certaine tendance des quenistes à ne pas jouer juste. D'autres, au contraire, disent qu'à l'heure actuelle, elle maintient son originalité et demeure dans son état primitif, intacte au passage du temps. Nous ne pouvons dire si cet avis est un éloge ou s'il va au désavantage de l'instrument et de ses interprètes.
Il y a actuellement une infinité de théories sur l'instrument, son histoire et sa technique d'interprétation, qui se nient et se contredisent entre elles. Il existe aussi différents modèles d'instrument, chacun avec ses respectifs adeptes et détracteurs.
Dans tous les cas, heureusement, il n'y a pas de victimes fatales à déplorer.
Le modèle le plus utilisé par les personnes que j'ai connues est peut-être celui construit avec du bambou de Puno (Pérou), comportant six trous devant et un trou derrière, diatonique, en sol majeur, avec une tessiture de deux octaves et demie ; et son grand cousin le quenacho accordé en ré majeur. Les demi-tons chromatiques manquants s'obtiennent en couvrant, ou découvrant - selon le point de vue - la moitié des petits trous. Activité réellement difficile à réaliser dans sa juste mesure. Encore plus à grande vitesse. Et encore beaucoup plus dans les octaves supérieures.
Pancho avait la capacité de jouer à la quena tout ce qu'on pouvait lui écrire. Juste et avec un joli son (mais, évidemment, il existe des avis contraires). J'avais du matériel prêt et beaucoup d'idées qui tournaient dans ma tête. Ainsi, nous avons décidé de nous retrouver pour monter un répertoire et jouer. Pleines de dièses, de modulations et d'arrangements possédés, mes compositions et mes versions de morceaux traditionnels commençaient à prendre forme.
Pendant les répétitions, on lançait des idées pour donner un nom au duo. Parmi ceux proposés, celui qui a obtenu l'approbation générale fut : Tata Mandinga.
Pourquoi Tata Mandinga ?
J'explique :
Tata est un mot quechua qui signifie "père". Et Mandinga s'utilise actuellement comme synonyme de "diable". C'est le nom d'un peuple d'Afrique d'où proviennent des esclaves amenés en Amérique latine. Ceux-ci se réunissaient pour chanter, danser et réaliser leurs rites traditionnels. Activités que les hommes civilisés considéraient comme influencées par le démon. Ils croyaient que les Noirs africains, tout comme les natifs d'Amérique latine, étaient possédés par Satan. Ensuite, il est devenu courant de dire : "ce sont des choses de Mandinga", pour parler d'évènements sans explication et accuser Lucifer.
De même, lorsque des faits sortant de la réalité se produisent (naissance d'un enfant noir de père blond, disparition mystérieuse d'argent ou autres choses dans le style), on dit que "le diable y a mis la queue".
Tata Mandinga, duo pour lequel le diable a mis son crayon dans les partitions des musiciens, rend hommage aux origines précolombiennes et africaines présentes dans la musique argentine. Mais vous direz : - D'accord, mais il y a aussi beaucoup d'influence espagnole dans la musique argentine. - Oui, c'est vrai. Mais pour ça, nous sommes là : Perez et Díaz.
Quelques-uns, traduisant directement Tata Mandinga = Père Diable, nous ont accusés d'être adorateurs du diable, de faire de la magie noire, de la musique antiChrist, ce à quoi nous avons répondu fermement que c'était des injures sans fondement, qu'ils se trompaient et étaient complètement bourrés ou drogués.
D'autres ont dit que nous avons voulu nous moquer de l'Église. Ils nous ont accusés d'athées incorrigibles, même pas baptisés. D'hérétiques sans scrupules. D'antisociaux.
Ils ont peut-être un peu raison.
Tata Mandinga a duré quelques années et quelques bons concerts. Puis, pour des raisons économiques et personnelles, chacun a suivi différentes aubaines de travail et le projet est parti à la dérive, jusqu'à s'évanouir dans l'oubli.
La dernière chose que nous avons faite, ce fut d'enregistrer une composition de Pancho dédiée à une femme. Aujourd'hui, Pancho vit en couple et est papa. J'espère qu'il saura comprendre que ma participation au fait fut accidentelle et qu'en réalité, c'est que "le diable y a mis la queue".
Cette semaine, je mets à la disposition de vos fines oreilles une sélection du matériel audio de Tata Mandinga.
À la semaine prochaine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire